Petite escapade en Afrique - Sideshow : The Campaign for German East Africa

"Sideshow : The Campaign for German East Africa 1914 - 1918" a été publié en 1990 dans le "Strategy & Tactics" n°135. Il a été conçu par Richard H. Berg, concepteur bien connu des "grognards" du jeu d'histoire sur carte, et retrace une campagne peu connue de la 1ère guerre mondiale qui opposa allemands et britanniques sur le territoire de l'actuelle Tanzanie.

Quelques repères historiques :

Lorsque la guerre se déclencha en Août 1914, les colonies allemandes d'Afrique et d'Asie ne pesaient pas grand chose face aux empires coloniaux français et anglais. La suprématie navale de l'Entente les isolait totalement de l'Allemagne et renforçait la précarité de leur position.

La perle des colonies allemandes en Afrique était alors l'Afrique Orientale Allemande, entourée au nord par l'Afirique Orientale Anglaise, au sud par le Mozambique Portugais et à l'ouest par le Congo Belge. Les allemands tentèrent en vain d'empêcher que la guerre ne s'étende en Afrique, mais les cibles étaient trop tentantes pour les pays de l'Entente.

Les allemands étaient surclassés au niveau des effectifs, mais leurs troupes étaient composées en grande majorité d'africains, les "Askaris", parfaitement acclimatés aux rigueurs de leur pays. Ils étaient par ailleurs encadrés par des officiers talentueux, en premier lieu leur commandant en chef, Paul von Lettow Vorbeck, bien entraînés et équipés. A l'opposé, les forces britanniques ne comportaient qu'un très faible nombre de contingents africains, les anglais étant peu enclin à armer les africains par crainte d'un soulèvement.

Durant les deux premières années, les allemands menèrent la vie dure aux troupes indiennes et anglaises qui subirent des pertes importantes du fait des maladies. Début 1916 un fort contingent venant d'Afrique du Sud prit le relais et inexorablement repoussèrent les allemands vers le sud. Petit à petit des contingents africains, les KAR (King's African Rifles), bien plus efficace que les troupes métropolitaines, furent intégrés au sein des troupes britanniques et Von Lettow et ses troupes durent éviter les affrontements directs adoptant des tactiques de guérillas. L'entrée en guerre des Portugais aurait pu sceller le sort des allemands, mais malgré la faiblesse de ses effectifs, Von Lettow mit en déroute des troupes portugaises dépassées et envahit même le Mozambique !

Von Lettow échappa à tous ses adversaires et se rendit avec ses hommes après la signature de l'armistice en novembre 1918 ! Il avait tenu en échec des forces hautement supérieures en nombre, ne fut jamais battu lors d'un affrontement direct avec ses adversaires et remporta une victoire stratégique éclatante en mobilisant plus de 200.000 hommes qui auraient été bien plus utiles sur d'autres fronts.

Pour en savoir plus : Le blog Bir-Hacheim consacre un article sur les mémoires de Von Lettow. A lire ici !

Les mécanismes de jeu :

Le jeu s'articule autour du principe d'opérations. Au début de chaque tour chaque joueur lance 1D6 qui va déterminer le nombre d'opérations disponibles. Chaque opération permettra d'activer un groupe d'unité pour effectuer une action, mouvement, attaque, appeler des renforts, effectuer des reconnaissances... Ce jet s'avère critique, et une manque de chance chronique pourra paralyser vos troupes et créer une grande frustration. Ce mécanisme permet cependant de limiter la capacité du joueur à mener des actions d'envergure et bien coordonnées, ce qui s'avère logique au vu des difficultés réelles de mener des opérations militaires en Afrique. Il est aussi possible de tenter d'obtenir des opérations supplémentaires en prenant le risque de perdre toutes ses opérations restantes.

Autre particularité, les unités disposent de caractéristiques inédites, pas d'Attaque - Défense - Mouvement, mais un tryptique Engagement - Points de force - Niveau d'Attrition.

La valeur d'Engagement d'une troupe est testée avant chaque attaque. Un échec signifie que l'unité ne peut pas attaquer. Si des unités disposant de valeurs d'Engagement différentes attaquent en même temps, l'attaque peut se voir limitée à celles qui réussisent le jet, pouvant remettre complètement en cause le résultat de l'attaque. Le joueur de l'Entente devra être particulièrement attentif sur ce point.

La valeur d'Attrition permet de mesurer la capacité d'une unité à résister aux conditions difficiles de la région lors d'un mouvement. Un échec entraîne la perte de points de force et peut décimer complètement une unité. Une particularité du jeu est qu'une unité ne dispose pas de capacité de mouvement, sa mobilité étant uniquement réduite par le risque d'attrition. Bien entendu les troupes africaines résistent bien mieux que les troupes européennes ou indiennes.

Enfin les points de force servent de potentiel d'attaque, de défense et de capacité à encaisser des pertes. Concernant les pertes, ces dernières doivent être notées sur des fiches de pertes à part. Cet aspect risque de rebuter certains d'entre nous, surtout que les points de victoire doivent eux aussi être notés sur une feuille volante et qu'il y a de nombreuses possibilités de perdre ou gagner des PVs.

Les troupes allemandes disposent de valeur d'Engagement et d'Attrition bien supérieures aux troupes britanniques à l'exception notable des KARs, qui compensent en partie la faiblesse de leur effectif. Ils ont aussi des chefs qui apportent des bonus notables en combat.

Concernant les conditions de victoire, l'anglais doit chasser les allemands d'Afrique Orientale en utilisant le moins de troupes possibles.

La carte couvre l'ensemble de l'Afrique Orientale Allemande, mais seulement une très petite partie du Mozambique ou de la Rhodésie du Nord ce qui empêchera les joueurs de reproduire le périple de Von Lettow sur ces territoires. Dommage...

La suite...

Le meilleur moyen de tester un jeu est simple : le jouer. Je vous donnerai donc mes impressions lors de ma prochaine partie avec Cyberboarder.